jeudi 17 juin 2010

LITTLE ODESSA

Joshua Shapira est un tueur à gages. Il exécute son boulot sans états d'âme. Jusqu'au jour où son commanditaire exige un contrat à Brighton Beach, quartier des juifs russes appelé Little Odessa, où Joshua a passé son enfance.
Manque de chance, Josh y est indésirable depuis qu'il a assissiné le fils du parrain du quartier... Tout en essayant de ne pas se faire remarquer, il va donc reprendre contact avec sa famille : son père qui l'a renié, sa mère mourrante et surtout, son jeune frère Reuben avec lequel il va tenter de renouer contact.

Fiche technique

Titre : Little Odessa
Titre original : Little Odessa
Réalisation : James Gray
Scénario : James Gray
Société de production : New Line Cinema
Musique : Dana Sano
Pays d'origine : États-Unis
Genre : Drame, policier
Durée : 98 minutes
Date de sortie : France (Deauville) : septembre 1994, États-Unis : 19 mai 1995.
Interdit en salles aux moins de 12 ans

Distribution
Tim Roth (VF : Philippe Vincent) : Joshua Shapira
Edward Furlong : Reuben Shapira
Moira Kelly : Alla Shustervich
Vanessa Redgrave : Irina Shapira
Paul Guilfoyle : Boris Volkoff
Natalya Andrejchenko : Natasha
Maximilian Schell : Arkady Shapira
David Vadim : Sasha
Mina Bern : Grandma Tsilya
Boris McGiver : Ivan
Mohammed Ghaffari : Pahlevi
Michael Khmurov : Yuri
Dmitry Preyers : Victor

La bande-annonce

Critique perso

James Gray fait partie de ces réalisateurs intouchables, acclamés par le milieu et le public et que "si tu le critiques, ben t'es qu'un gros naze ignare".
Je le clame donc haut et fort, je l'avoue, je me confesse : je suis une grosse naze ignare ! Et oui, je n'aime pas du tout les films de James Gray, je les trouve froids et ennuyeux, ils m'endorment et me dépriment.
Ce premier film n'échappe pas à cet avis, si peu conventionnel soit-il, et je vais donc m'attarder quelque peu sur les éléments du film qui ne m'ont pas du tout plu, avant de m'intéresser aux quelques petites choses que j'ai trouvé intéressantes (et oui, il y en a quand même...)
Première déception après lecture du pitch : on s'attend à un film sur la mafia russe, à de bonnes petites fusillades et autres règlements de compte entre sales mafieux, résultat, on se retrouve face à une espèce de drame familial extrêmement pesant et, je dois l'avouer, pas très intéressant.
Entre le mutisme du jeune dernier, la froideur du grand frère exilé, le père qui croit qu'élever ses enfants, c'est leur foutre de grands coups de ceinture sur la tronche et la maman mourrante, on se dit que si on avait voulu déprimer on s'y serait pas mieux prit qu'en regardant ce film ! Le cinéma n'est pas là que pour nous faire rigoler me direz-vous, et je suis bien d'accord là-dessus, sauf que là l'ennui l'emporte sur l'intérêt qu'aurait pu susciter ce film si les personnages étaient moins glacials.
En effet, je n'ai trouvé aucun personnage attachant là-dedans, sauf peut-être celui de Reuben, interprêté par Edward Furlong, un peu sympathique, un peu pathétique et qui nous arrache même une petite larme lorsqu'il meurt à la fin... Joshua, par contre, malgré quelques tentatives pour nous attendrir, notamment lorsqu'il drague maladroitement Ella ou lorsqu'il fait des calins à sa môman, reste un personnage beaucoup trop distant et monolithique pour attirer notre attention... Idem pour les personnages secondaires : entre la petite-copine impassible et insensible, l'ancien pote roublard et arnaqueur, le père fouetteur et adultère, on se demande vraiment qui apprécier dans ce bourbier...
Pour terminer, bien peu de suspense dans cette histoire, sauf pour se demander quand ça va enfin se terminer ! Il n'y a vraiment qu'un mot qui me vient à l'esprit quand j'évoque ce film et c'est : "ennui". ;)
Quelques bonne choses sont à relever cependant, comme l'interprêtation des acteurs, qui font vraiment bien leur job (bon, en même temps, ça doit pas être trop dur d'incarner un personnage inexpressif du début à la fin...) et une vraie envie de retranscrire quelque chose de réaliste (dommage que ce soit si chiant au finish).

Focus - Edward Furlong

Edward Furlong commence très fort en 1991 avec un rôle en or : celui de John Connor dans Terminator 2. Le film, véritable pièce de musée, rentre directement au panthéon des films cultes avec pour star à l’affiche Arnold Schwarzenegger.
Furlong, qui comme tout jeune acteur se retrouve propulsé en tête du box-office et des magazines people, pète un fusible.
Il joue quand même avec le vent en poupe dans Simetierre 2 et Little Odessa en 1992 et 1994, histoire de prouver qu’il est dans le coup…
Puis, c’est le grand virage et la sortie de route. Furlong commence à se droguer, à boire. Il ne fait parler de lui que par ses frasques avant de se faire oublier.
Mais certains ne l’oublient pas : Edward devient Pecker en 1998 grâce à John Waters et enchaîne avec le drame American History X aux côtés de Stacy Keach et Edward Norton. Le film fait succès et Edward remonte la pente douloureusement mais sûrement.
En 2000, Edward touche au cinéma indépendant en plein dans la cible ! Il partage l’affiche de Animal Factory avec Willem Dafoe puis s’éclipse encore et ne tourne que dans des petits films aussi minimes que quasi inexistants.
En 2004, Furlong perd la boule et s’attaque à l’opus 4 de The Crow intitulé The Crow Wicked Prayer… le film ne sortira jamais en salles et se retrouve sacré plus grande escroquerie et tuerie de culte après deux suites déjà bien râtées au chef d'oeuvre avec Brandon Lee. Après avoir tâté plusieurs fois le terrain, Edward continue dans les petites productions et s’invite même en 2006 dans la saison 3 des Experts : Manhattan histoire de tenter un nouvel espace d’expression.

Ouvrez l'oeil... Moira Kelly

James Gray a choisi son actrice principale Moira Kelly après l'avoir remarquée dans le long métrage de David Lynch, Twin Peaks : Fire walk with me que le cinéaste cite comme un de ses films préférés.
Pour info, on a aussi pu l'apercevoir dans Billy Bathgate, Chaplin, Le feu sur la glace...
Ces dernières années, elle semble s'orienter davantage vers les séries télévisées avec des rôles dans Les Frères Scott, Heroes, New York District, ou encore A la Maison Blanche...

Dossier - Le film noir...

"Little Odessa" est un premier film ! Et oui, il a été tourné en à peine trois petites semaines, sans budget ou presque. Il a entièrement été écrit et réalisé par James Gray, alors tout jeune étudiant en cinéma (il était seulement âgé de 24 ans au moment du tournage), Cependant, Gray a su d'entrée imposé sa griffe et se poser comme l'un des maîtres du film noir. Petite restrospective sur un genre bien particulier...

Le film noir est plus un courant qu'un genre cinématographique apparu aux États-Unis et fortement inspiré des nouvelles de détective de Dashiell Hammett ou Raymond Chandler. Il se développe cependant surtout à partir de 1944.
Bien qu'il s'agisse d'un genre typiquement américain, le terme film noir est né sous la plume d'un critique de films français, Nino Frank, par assimilation à la Série Noire, une collection de romans de détectives. Le film noir met généralement en scène un personnage emprisonné dans des situations qui ne sont pas de son fait et acculé à des décisions désespérées. Le meurtre ou le crime, l'infidélité, la trahison, la jalousie et le fatalisme sont des thèmes privilégiés.
Le Faucon maltais (photo) (1941) est souvent considéré comme le premier film du genre, mais d'autres le font remonter jusqu'au film Les Nuits de Chicago (1927, Josef von Sternberg).
Le film noir est pessimiste par essence. L'archétype du protagoniste du film noir est un détective privé de second ordre, cynique et blasé, embauché pour une enquête dont les véritables implications lui sont cachées par son commanditaire. Son enquête l'amène le plus souvent à rencontrer une femme fatale qui le manipule par avidité causant leur perte.
La Soif du mal (Touch of Evil), tourné en 1958 par Orson Welles est généralement considéré comme le dernier film noir classique. D'autres films reprenant les canons du film noir, tournés après cette date, sont généralement qualifiés de néo-noirs par les Anglo-Saxons. On compte environ 250 à 400 films qui répondent aux critères de définition du film noir tournés pendant cette période de dix-sept ans.

Caractéristiques formelles
Le film noir possède une véritable identité visuelle qui a été largement imitée par la suite. Les éclairages expressionnistes sont fortement contrastés, laissent de larges pans de l'écran dans l'obscurité. Le décor est souvent urbain, et les espaces sont alors restreints (pas d'échappée sur une place ou une grande avenue). La campagne ou la petite ville est idéalisée, représentant l'Amérique des origines. En ville, on retrouve souvent le trottoir humide, comme après une pluie, les scènes nocturnes y sont nombreuses.
Les films noirs mettent souvent en scène des personnages principaux complexes et ambigus, avec un passé souvent peu reluisant, et des second rôles riches et autonomes, en rupture avec les poncifs traditionnels. Dans les années 1950, c'est également l'occasion pour des artistes et techniciens qui ne peuvent plus exercer à cause de leur inclusion dans la liste noire d'Hollywood de continuer à exercer leur métier. Des techniques inhabituelles telles que la voix off ou la caméra subjective affirment le style noir dont l'influence commence progressivement à se faire sentir sur les grandes productions.

Influences
Le film noir apparaît dans la lignée des films de gangsters américains des années 1930 mais des apports stylistiques européens lui ont donné une identité visuelle propre. L'esthétique du film noir doit beaucoup à l'expressionnisme allemand et aux réalisateurs émigrés tels que Fritz Lang qui fuyaient la montée du nazisme. Ils apportèrent en particulier les techniques qu'ils avaient développées comme l'éclairage dramatique et la prise de vue subjective, psychologique. L'autre influence principale provient du néoréalisme italien. Après 1945, les films noirs adoptèrent un aspect néoréaliste, filmant dans des extérieurs urbains (plutôt qu'en studio). Une bonne illustration de cette évolution est Assurance sur la mort (Double Indemnity - 1944) qui est souvent considéré comme l'archétype du film noir.
Le film noir a eu à son tour une influence marquée sur d'autres genres, aussi bien d'un point de vue stylistique que narratif. Ainsi des films de science-fiction tels que Blade Runner (1982) ou Dark City (1998) répondent quasi-religieusement aux règles du genre noir, de même le film fantastique Angel Heart (1987). Ces dernières années, Hollywood a un regain d'intérêt pour ce genre, notamment à travers l'adaptation des romans de James Ellroy (L.A. Confidential, Le Dahlia noir) ou encore à travers Kiss Kiss Bang Bang et Collatéral. On peut voir également une forte influence dans des séries télévisées comme Les Experts.

Curiosité – Le quartier Little Odessa

Brighton Beach est un quartier sur la péninsule de Coney Island à la pointe sud du borough de Brooklyn dans la ville de New York. Il porte aussi le surnom de Little Odessa. De Manhattan, on y arrive après un voyage d'environ une heure par la ligne Q du métro.
Les habitants de ce quartier sont russophones et majoritairement de confession juive.

Au début du XXe siècle, des Juifs d'Odessa, devenus une très importante communauté, après avoir subi les pogroms russes et les persécutions nazies, émigrèrent en grand nombre et se fixèrent à New York. Ils y trouvèrent un havre d’attache du nom de Brighton Beach qu'ils surnommèrent « Little Odessa » du fait de la ressemblance entre les berges du fleuve Hudson (qui forme à cet endroit la Lower New York Bay) et les bords de la mer Noire.

Ainsi, cet endroit est devenu et deviendra le centre de l'immigration en provenance de l'Union soviétique. Dans les années 70, les habitants de l'ex-Union soviétique se rendaient à Vienne puis choisissaient entre Israël et les États-Unis. On commençait ainsi à y trouver une énorme population russophone.

Une autre vague migratoire correspond à la période de la Perestroïka. Parfois passant par Israël, ils fuyaient déjà les conditions de vie précaires et l'antisémitisme renaissant. Après la chute de l'ex-Union soviétique beaucoup de Russes fuirent un pays ravagé par la crise économique et la violence. Ainsi, depuis 1989, ce sont près de 600 000 Juifs russes qui quittèrent chaque année l'ex-Union soviétique pour gagner les États-Unis dans le cadre d'un programme d'immigration. En plus de ces vagues migratoires contrôlées beaucoup de Russes ont gagné clandestinement les États-Unis pour habiter principalement Little Odessa. Il y a aussi quelques autres quartiers russes à Brooklyn, plus spécialement Kings Highway et Sheepshead Bay.

Dans le cadre de ces migrations, nombre de membres du crime organisé se sont exilés pour gagner le nouveau continent, parfois en prenant comme certains autres migrants, une fausse identité juive. Lorsque la mafia russe débarqua en Amérique, elle apporta avec elle ses coutumes et fit de Brighton Beach son fief. Elle y règne en maître et se livre aux trafics les plus dangereux.

Le saviez-vous ? - Les histoires se déroulant entièrement ou en partie à Brighton Beach

Le quartier de Little Odessa se retrouve dans de nombreux autres films, romans, jeux ou séries télé... Citons ici les plus célèbres :
1 - Dans le film de Darren Aronofsky, "Requiem for a dream", sorti en 2000, Sara Goldfarb, la mère du héros (incarnée par Ellen Burstyn) vit dans un appartement sur Brighton Beach.
2 - Même chose dans "Lord of War", dans lequel le personnage principal, Yuri Orlov, joué par Nicolas Cage, vit à Brighton Beach.
3 - Deux autres films de James Gray se déroulent dans ce quartier : dans "La nuit nous appartient" (2007), le personnage de Bobby Green (Joaquin Phoenix) est le manager d'un nightclub sur Little Odessa.
4 - Même chose pour "Two Lovers", aussi avec Joaquin Phoenix ainsi que Gwyneth Paltrow, dont l'intrigue se déroule aussi dans le même quartier.
5 - Dans le roman de Robin Cook, "Vector" (2000), un biochimiste d'origine russe, Yuri Davydov, crée une arme biologique à base d'Anthrax dans la cave de sa maison de Brighton Beach.
6 - Dans le jeu vidéo XIII, le héros se réveille complètement amnésique dans le quartier de Brighton.
7 - Dans la série "The West Wing" (A la Maison Blanche), Toby Ziegler (Richard Schiff) est originaire de Brighton Beach.
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